lundi 2 janvier 2017

Le blogue déménage!

Idées multiples déménage!

Le blogue sera dorénavant publié à l'adresse suivante: http://ideesmultiples.ca/. Les articles et commentaires déjà publiés ont eux aussi été transférés au nouveau site.

À bientôt!

dimanche 14 février 2016

Romanophonie et intercompréhension

Carte de l'espace romanophone
Tel qu'expliqué dans mon message précédent, je suis d'avis qu'il ne faut pas oublier de replacer la Francophonuie dans le contexte de ce qu'on peut appeler la « romanophonie », c'est-à-dire la communauté des locuteurs de langue romane et même plus généralement dans celui de la « latinité » (ensemble culturel auquel appartiennent notamment, à divers degrés et de manière non exclusive, tous les peuples de langue romane).

Notre appartenance à la romanophonie nous donne un accès privilégié aux autres langues et cultures romanes (et vice-versa). Apprendre une langue romane losqu'on est romanophone, c'est en grande partie apprendre les différences entre sa propre langue et celle qu'on apprend. La majorité des concepts, de la syntaxe, du vocabulaire, restent très proches (mention spéciale pour le roumain et ses quelques idiosyncrasies tout de même... ça ne l'empêche pas de rester acessible à mon sens). Un texte est en général au premier abord partiellement transparent, on sent qu'il ne manque que peu de connaissances pour attendre une compréhension satisfaisante.

C'est à travers mon intérêt pour les langues romanes que je me suis un peu penché sur le comcept d'intercompréhension à l'intérieur d'une même famille linguistique. Celle-ci se fonde sur deux prémisses:
  • Il est en général plus simple d'atteindre une compétence passive (surtout à l'écrit, où l'on n'est pas gêné par le rythme ou la prononciation du locuteur) dans une langue qu'une compétence active (prodution orale et écrite autonome).
  • Les langues romanes étant très transparentes les unes aux autres, atteindre cette compétence passive dans les autres langues est un objectif réalisable et réaliste en un laps de temps relativement court.
De là l'idée, entre romanophones (mais aussi au sein d'autres familles linguistiques - les langues slaves sont par exemple aussi très transparentes les unes aux autres). Des « romanophones » accomplis pourraient se parler dans leur langue respective et s'attendre à être compris d'autres romanophones de langue maternelle différente. La romanophonie représente un ensemble linguistique de près d'un milliard d'individus.
Dans les faits, de manière plus réaliste, j'ai qu'à l'oral, les gens préfèrent en général utiliser une même langue, même si ce type d'interactions demeure tout à fait possible. Je crois qu'il y a par contre un grand avenir potentiel à l'écrit. En effet, sur Internet, il est très facile de rentrer en contact avec du contenu écrit. Un de vos amis brésiliens partage un article sur un sujet qui vous interpelle sur les réseaux sociaux? Pas de problème si vous avez une bonne connaissance de ce que j'appelle le « vocabulaire roman » étendu, quelques concepts et mots-clés de base du portugais et, idéalement, un peu d'entrer (c'est mon cas, je lis des articles en portugais sans problème sans le parler couramment).

Un nouveau paradigme pour l'apprentissage des langues?

L'objectif de compréhension plutôt que de production du discours peut à mon sens représenter une autre manière d'aborder l'enseignement des langues étrangères. Pourquoi ne pas viser la compétence active tout de suite et ne se limiter qu'à une demi-compétence, demanderont certains? Soyons réalistes, la plupart des cours (du moins « classiques »), particulièrement en milieu scolaire mais pas seulement, se donnent un double objectif de production et de compréhension, mais la majorité des participants sont loin d'atteindre le niveau visé. Ceci peut être attribué à nombre de facteurs, comme par exemple la motivation, mais il ne faut pas oublier que dans tous les cas, un apprentissage dans un contexte scolaire ou « classique » donne souvent des résultats limités.

Cela veut-il dire qu'il faille abandonner toute apprentissage dans ce cadre? Pas nécessairement, et on pourra peut-être s'aider si on accepte de changer un peu nos buts. L'objectif de compréhension est plus facile à atteindre que celui de la production active, sutout pour une langue de la même famille que celle de l'apprenant. Des résultats concrets peuvent rapidement être atteints, ce qui aiderait sans doute à maintenir la motivation. De plus, celle-ci est (au moins dans le cas d'un cours de langues romanes) un puissant soutien à la compréhension des structures de la langue française, grâce à la comparasion qui s'opère avec celles de nos langues-sœurs. C'est aussi une excellent introduction à l'étymologie, à l'histoire du français et des langues romanes, ainsi qu'à la linguistique historique. Elle permet de situer le français dans l'espace linguistique actuel.

Un tel cours montrerait du vocabulaire fondamental ainsi que les différences et les correspondances systématiques entre langues romanes, ce qui permet de s'approprier rapidement la grande quantité de vocabulaire apparenté (exemples). En prime, cet apprentissage aidera aussi les francophones à comprendre, par exemple, d'où vient le système orthographique du français qui, de relativement opaque, cesse de l'être pour apparaitre comme le résultat d'une histoire certes tortueuse, mais compréhensible.

À ceux qui pourraient (assez légitimement) penser qu'il ne s'agirait que d'une compétence tronquée et inutile, rappelons que la compétence des élèves de l'enseignement secondaire est souvent faible de toute manière. Alors pourquoi ne pas se donner des objectifs un peu différents? Ceux qui développeront un intérêt approfondi pour l'une ou l'autre des langues romanes étudiées auront une longueur d'avance et pourront passer à la pratique active très facilement. Les autres auront acquis une plus grande culture générale et une meilleure compréhension de leur langue.

Comment apprendre?

L'un des livres les plus complets que je connaisse sur le sujet est celui de Paul Teyssier, Comprendre les langues romanes, qui passe en revue les pricipaux points importants pour atteindre la compréhension à l'écrit de l'espagnol, du portugais (dont l'auteur est spécialiste), de l'italien et du roumain. À ma connaissance, il s'agit du seul ouvrage « de référence » sur le sujet en français, bien qu'il existe d'autres ressources, telles que des cours et des méthodes.

Il existe par exemple un projet de l'Union latine (qui a malheureusement cessé ses activités et constituait un embryon de romanophonie formelle), Itinéraires romans (qui demeure accessible) qui s'adresse aux jeunes

Notons aussi la création du CLOM (cours en ligne ouvert et massif) de l'Organisation internationale de la francophonie, se donnant pour but de former à l'enseignement de l'intercompréhension. 

Reste ensuite la pratique... La presse de très nombreux pays est accessible gratuitement sur Internet, alors profitons-en! J'ai aussi remarqué que la lecture d'articles Wikipédia était souvent relativement aisée.

Qu'attendons-nous pour être romanophones?

mardi 26 janvier 2016

Francophones d'Amérique - et du monde!

Le monde francophone (auteur: aaker)



Le Québec a l'habitude de se percevoir presque exclusivement comme minoritaire, ilot francophone dans une Amérique du Nord anglophone. De nombreux Québécois croient donc implicitement que le français les isole du reste du continent, voire du monde. Or, il n'en est rien.

Prenons un peu de recul et regardons le monde: le nombre de francophones se compte en centaines de millions et est en plein croissance, notamment en Afrique. Le français est diffusé sur tous les continents et la culture française, et plus largement francophone, a largement contribué à façonner l'Occident moderne. Voilà qui commence bien.

Le Québec est donc le maillon nord-américain d'un des réseaux culturels, linguistiques et humains les plus vastes au monde! Le caractère francophone du Québec, loin d'isoler le Québec est sa principale porte d'entrée sur le monde extérieur, au-delà de l'Amérique du Nord. J'aime assez la chronique de Jean-Benoît Nadeau sur la Francophonie au quotidien québécois « Le Devoir » pour son insistance sur ce point. Il n'hésite pas à rappeler que le français relie le Québec au vaste monde. Sa première chronique s'ouvre d'ailleurs sur les mots: « Le Québec n’a pas le pétrole, mais il a sa langue. »  Les franchophones sont un réseau de soutiens et d'alliés que de nombreux peuples peuvent lui envier, à commencer par la France (en donnant par exemple une impulsion importante à la paradiplomatie québécoise), mais pas seulement. C'est un réservoir de croissance sous-exploité (vrai des autres pays francophones aussi).

Mais l'anglais? Et la vaste et puissante Amérique du Nord? L'erreur commise par certains est de croirer qu'être francophones nous couperait du reste de l'Amérique du Nord, voire du monde. Pour les États-Unis et la Canada anglais, vu la l'histoire et la géographie du Québec, on peut considérer qu'il est et proche et partie prenante de la culture anglo-américaine de toutes façons. Nous connaissons bien la manière de penser et la culture de nos voisins, bien mieux qu'ils ne nous connaissent nous, entre autres à travers la quantité énorme de produits culturels qui défèrlent sur nous (et d'autres) chaque année. Ils sont nos voisins et à ce titre des partenaires commerciaux et politiques importants.

Mais au-delà? La francophonie nous rapproche non seulement de l'Europe (où vivent de 70 millions de francophones, dans des États riches et influents) et de l'Afrique (où vivront la majorité des francophones à l'avenir, et en pleine croissance), mais aussi du reste de l'Amérique, hispanophone et lusophone. En effet, nous devons toujours considérer que notre francophonie s'insère dans un réseau latin plus vaste, la « romanophonie », ensemble des locuteurs de langues romanes, liés par l'origine commune de leurs langues, qui les rend leur apprentissage éminemment accessible, mais aussi plus largement à la tradition européenne « continentale », dans la mesure où celle-ci s'oppose à la tradition britannique majoritaire en Amérique du Nord (avec par exemple le droit civil, un individualisme plus tempéré, etc.).

Le monde « romanophone » (auteur: Qyd)
Tout ceci nous permet d'affirmer deux choses:
  • Le Québec est prédisposé à servir de pont entre l'Amérique du Nord et la francophonie, l'Amérique latine et même plus.
  • Le Québec représente la vraie ouverture et la vraie diversité culturelle en Amérique du Nord, en tant que seule société du continent dont la matrice culturelle n'est pas (majoritairement) britannique. 
Au contraire, l'Amérique anglophone, dépositaire, certes, d'une des plus grandes cultures du monde, est, elle, assez largement hermétique aux autres cultures. Elle est certes ouverte à la circulation des individus et au commerce, mais ça n'a pas grand chose à voir. La production culturelle consommée y est ango-saxonne ou du moins en anglais et le reste n'est en définitive accessible qu'aux initiés. L'aprentissage des langues étrangères y est rare. Et ce ne sont pas les soirées passées dans des restaurants chinois, thaïs ou italiens qui y change quelque chose. Rien ne sert dans ces conditions de se gargariser de « multiculturalisme ». D'autres feraient certes pareil et l'effet de masse peut jouer un rôle. Il ne s'agit pas de lancer la  pierre, mais dans le contexte qui nous intéresse, il peut être utile de s'en rappeler.
Autant dire que les Québécois n'ont aucun complexe quel qu'il soit à avoir sur le plan de l'ouverture au monde par rapport au reste de l'Amérique du Nord. Le Québec possède un taux de bilinguisme très élevé. De nombreux Montréalais sont trilingues. On pourrait même faire mieux si on se rendait plus compte encore que maintenant de la facilité d'accès de l'espagnol et du portugais pour les francophones. Il est tout à fait faux d'affirmer que le Québec est coupé du reste de l'Amérique ou du monde en raison de sa singularité. Je crois que c'est tout le contraire.

Plus encore, si le Québec est l'un des États non souverains les plus connus de la planète, il le doit bien entendu à sa francophonie. C'est essentiellement par elle qu'il existe et qu'il est ouvert au monde. Qu'on se le dise!

dimanche 10 janvier 2016

Oui à la paradiplomatie!

Qu'est-ce qu'être un État indépendant, traditionnellement? Bien sûr on pense à l'autonomie interne (choisir ses propres lois), mais plus encore, selon moi, c'est la capacité d'entrer en relation avec d'autres États. C'est d'ailleurs pour ça que la souveraineté d'un État n'a logiquement rien à voir avec une quelconque fermeture. Être indépendant, c'est précisément avoir la capacité de gérer librement ses relations avec l'extérieur et de se représenter soi même. C'est se mettre au contact du monde.

C'est l'une des raisons qui me poussent à considérer que l'un des accommodements les plus utiles aux peuples, régions et États non souverains qui ne peuvent ou ne veulent pas se donner l'indépendance est le développement de ce qu'on appelle la paradiplomatie, c'est-à-dire les relations extérieures autonomes, dans différents domaines, d'entités subétatiques. L'idée est de permettre à ces régions et États fédérés, dans le cadre de leur État souverain, de se constituer une personnalité face au monde, une identité dont ils sont responsables et qui ne s'en remet pas complètement à leur État d'appartenance pour interagir avec le reste du monde.

Cette perspective dessine un compromis réaliste (la paradiplomatie est un secteur en plein développement) permettant une existence autonome face au monde, revendiquée par de nombreux peuples sans États, sans nécessairement remettre en cause les cadres légaux et étatiques existants.
On peut dire que d'une certaine manière, chacun y trouve son compte. Pour l'État tutélaire, cela pourrait rendre probable la remise en cause de l'appartenance de l'entité au pays en lui permettant de le contourner dans certains cas, mais de manière encadrée, et comble en partie l'aspiration à l'existence autonome de cette entité.

Le Québec est d'ailleurs l'un des pionniers en matière de paradiplomatie, avec la doctrine dite « Gérin-Lajoie », qui postule que les compétences conférées au Québec au sein de la fédération canadienne se prolongent à l'extérieur du cadre fédéral canadien et permette légitimement au Québec d'agir à l'international dans ces domaines, ce qu'il fait depuis les anneés 1960.

Même en France, une forme de paradiaplomatie existe, qu'on appelle « coopération décentralisée » ou quelquefois « diplomatie des territoires ». De nombreuses régions françaises ont des stratégies de développement à l'international, notamment pour faire la chasse aux investissements étrangers. Elles signent, de plus, de nombreux accords de coopération avec des collectivités territoriales étrangères diverses, européennes ou non.

La constitution belge donne à ses entités fédérées le droit de gérer leurs relations à l'international dans leurs domaines de compétences respectives.

La Bavière, la Flandre, la Catalogne, le Pays basque ne sont pas en reste en matière de paradiplomatie, sans compter des provinces canadiennes telles que l'Alberta, la Colombie-Britannique et l'Ontario. C'est une tendance importante et relativement peu connue des relations internationales actuelles. Elle est toutefois parfaitement logique car de nombreux domaines de gouvernance actuelle, à plusieurs niveaus, nécessitent des actions à l'extérieur.

Plusieurs provinces dont le gouvernement libéral du Québec, ont d'ailleurs rappelé leur attachement à une représentation autonome de leurs intérêts en participant de manière visible à la COP 21 à Paris et ce, en bonne intelligence avec le gouvernement fédéral.

Au Canada, le fait paradiplomatique, pratiqué par le Québec mais aussi par les autres provinces, est dans la pratique toléré. Il n'a jamais été remis en cause de manière frontale au niveau fédéral. D'ailleurs, la Loi constitutionnelle de 1867 n'attribue pas spécifiquement la responsabilité des relations extérieures au palier fédéral (même si on peut considérerer que cette attribution était implicite dans le Statut de Westminster de 1931 - sans toutefois porter préjudice à la capacité des provinces à le faire elle aussi).

En attente d'une majorité favorable à la souveraineté du Québec (si c'est ce que les Québécois veulent), une paradiplomatie active permettra de « faire comme si », tout en restant à l'intérieur de la fédération canadienne. Un Québec qui parle au monde sans abandonner le lien canadien... À la lumière de l'attitude des Québécois face à la perspective de la souveraineté, c'est-ce pas finalement ce qu'ils ont, en un sens, toujours voulu?

Bonheur des « petites nations » et régions particularistes?

Les temps modernes sont-ils au bonheur des « petites nations », régions particularistes à l'autonomie plus ou moins développée?

À l'heure où les États-nations établis voient leur pouvoir relativisé (mais pas leur pertinence anéantie, comme nous l'avons vu dans le message précédent, et comme nous le verrons d'ailleurs probablement plus tard), l'une des évolutions de ces dernières décennies est l'émergence de nouveaux nationalismes et régionalisme subétatiques.

On pensera bien sûr au Québec, mais aussi au Pays basque espagnol, à la Catalogne, à l'Écosse, au Pays de Galles, à la Bretagne, jusqu'à un certain point à l'Alsace (ces derniers semblaient - jusqu'à la triste disparition de leur région par un coup de crayon technocratique - pratiquer un régionalisme à la fois efficace mais hyperdiscret). On peut aussi parler du Tyrol du Sud en Italie (région germanophone prise à l'Autriche après la Première Guerre Mondiale), sans parler des nationalismes postsoviétiques, etc.

Dans bien des cas, il est facile de comprendre l'attrait des petites nations pour leurs membres. Bien sûr, le sentiment identitaire s'appuie assez sur des contentieux historiques, comme au Québec, mais j'ai une théorie parallèle, complémentaire.

La plupart des humains appartiennent à plusieurs sphères identitaires, ce qui est normal et souhaitable. Jusqu'à un certain point, ils « magasinent » une identité valorisante entre les différentes options qui leur sont offertes. C'est d'ailleurs à mon sens l'un des ressorts principaux de l'assimilation culturelle, sur laquelle il faudra revenir plus tard.

Alors que de nombreux Français sentent leur pays décliner (en partie à tort) ou relativisé (à raison), pour de nombreux régionalistes, c'est l'occasion d'exprimer un sentiment latent d'identité locale éclipsé par la force de la construction nationale. 

Cette expression de sentiments locaux est d'autant plus valorisante que lesdites « petites nations », quelquefois confortées par des succès économiques récents (Pays basque, Catalogne, Bretagne) n'ont à peu près rien à perdre.

Prenons la Bretagne. Comme toutes les régions françaises, son autonomie est faible. Son histoire assez récente la place dans une position périphérique par rapport à Paris, tant d'un point de vue géographique que culturel. Le breton est n'est parlé que par une minorité. Mais aujourd'hui (et malgré de récents soubresauts), c'est une région qui réussit plutôt : championne en éducation, chantre de la celtitude (ce qui la désenclave culturellement pour la rendre membre d'une communauté « celte » européenne s'étendant aux iles britanniques)... Son autonomie ne peut qu'augmenter tendanciellement, tant elle était et reste faible. Sa langue, presque morte, ne peut « que » renaitre (même si j'en doute en réalité, étant donné qu'il est presque impossible de revenir sur des changements linguistiques de ce type, mais c'est pour illustrer l'attitude générale). Elle peut s'imaginer que le destin de la France la concerne peu, particulièrement en période de difficultés.

Lorsqu'on est à terre, on ne peut que se relever. Se faire connaitre du monde.

Cela empêche-t-il un sentiment d'appartenance à un État-nation? Pas nécessairement. Pensons à l'Alsace, aux tendance particularistes clairs, et pourtant attachée à la France, et même le Québec n'a su se donner l'indépendance, à deux reprises. La Bavière se veut très autonome et ne cherche pas à s'extraire de la République fédérale. De plus, alors qu'on entend souvent dans les médias français qu'il y aurait un lien de causalité entre le niveau d'autonomie et les revendications indépendantistes (les premières étant à la source des secondes), il est bien plus probable que le lien soit inverse. On accommode des régions précisément parce que l'identité locale y est forte, c'est le moteur du désir d'autonomie. D'ailleurs, pourquoi ce sentiment serait-il nécessairement illégitime? Rien de tel qu'une union politique non consentie pour alimenter les ressentiments entre groupes.

Bien des régions particularistes et autonomistes semblent être, bien plus qu'en quête de fermeture, à la recherche d'une ouverture sur le monde à l'extérieur de leurs frontières nationales et d'une reconnaissance de leur personnalité propre. En Europe, cela se reflète entre autres par la profonde europhilie de ces régions, qui vient dans l'UE un tremplin vers une certaine émancipation, transcendant les frontières nationales. La conjonction régionalisme/fédéralisme européen, souvent incomprise hors de ces régions, est une position d'une certaine cohérence.

Est-ce à dire qu'il y a incompatibilité entre ces régions et les États auxquels elles appartienent? Je ne le pense pas. Mais le besoin d'autonomie et d'expression de soi reste légitime, et peut bien heureusement trouver de nombreux exutoires, qu'ils soient politiques, culturels, économiques ou autres. D'ailleurs, la sécession semble être une issue rare. Elle ne s'est d'ailleurs pas produite depuis des décennies en Europe de l'Ouest démocratique (l'indépendance de l'Irlande date de près d'un siècle). L'exemple le plus récent, le référendum en Écosse, organisé dans un cadre « idéal » (règles acceptées tant par Londres qu'Édimbourg), nous l'a rappelé récemment.

jeudi 5 décembre 2013

Conseil de l'Europe

À l'heure ou l'Union européenne a toutes les peines du monde trouver un équilibre économique à la fois stable et acceptable pour tous ses membres, notamment ceux de la zone euro, et semble repartie pour une autre fuite en avant dans la réforme institutionnelle, il serait peut-être bon de se rappeler que l'UE n'est pas la seule organisation européenne qui existe.

Le Conseil de l'Europe (complètement distinct du Conseil européen, institution de l'UE) existe depuis 1949, regroupe presque toute l'Europe au sens large (47 membres, dont la Russie, la Turquie et les pays du Caucase) et offre un cadre à la fois souple et large de coopération.

Difficultés de l'UE et coopérations renforcées

On met souvent en tension les aspirations - potentiellement - fédérales de l'UE avec la réalité des dissensions entre États membres, interdisant d'avancer de concert, orientant plutôt la construction de l'Europe politique (si tant est qu'elle puisse vraiment exister, ce qui reste à prouver) vers un système à plusieurs vitesses (en cercles concentriques), voire "à la carte" (par coopérations renforcées - c'est le terme officiel - entre États volontaires).

La possibilité de former des coopérations renforcées est entrée dans le droit européen avec le Traité d'Amsterdam en 1997, mais malgré certaines simplifications effectuées par la suite, le mécanisme, lourd, reste très difficile d'utilisation en raison des nombreuses contraintes qui pèsent sur lui, entre autres l'autorisation de la Commission, qui ensuite envoie la demande si elle est acceptée au Conseil, etc.

De nombreux eurosceptiques réticents au fédéralisme européen ne cachent pas leur préférence pour une Europe « à la carte », de coopérations volontaires, dans un esprit « confédéral », et dans sa variante « gaullienne », « de l'Atlantique à l'Oural ». Lorsqu'on entend ce genre de descriptions, je ne peux m'empêcher de penser qu'à côté de l'UE « communautaire » (faute de terme approprié pour la qualifier), cette grande Europe confédérale semble déjà exister, même si elle reste à l'arrière-plan : le Conseil de l'Europe.

Une grande Europe à la carte existe déjà !

Pour les projets et politiques qui ne décolleraient pas dans le système de l'UE voire même - peu probable, mais quand même - en cas de fin de l'UE pour causes de dissensions trop fortes, il peut être utile de se rappeler qu'une « première Europe » existe depuis plus de 60 ans, à la fois très grande (puisqu'elle inclut l'Europe au sens large, de l'Islande jusqu'au Caucase, Turquie et Russie incluses) et très souple (puisque nombre des conventions signées sous son égide ne concernent que les États-membres volontaires).

Du Conseil de l'Europe connait bien sûr la Convention européenne des droits de l'homme et le processus de Bologne d'unification des systèmes universitaires du continent, mais on est moins au courant des très nombreuses Conventions plus ou moins techniques qui existent aussi.
Toutefois, si on lit le Statut du Conseil de l'Europe, son traité fondateur, les États membres peuvent utiliser ses institutions pour toute activité de coopération jugée appropriée ou presque :

Article 1er, alinéa b :
Ce but sera poursuivi au moyen des organes du Conseil, par l'examen des questions d'intérêt commun, par la conclusion d'accords et par l'adoption d'une action commune dans les domaines économique, social, culturel, scientifique, juridique et administratif, ainsi que par la sauvegarde et le développement des droits de l'homme et des libertés fondamentales. 


Donc, à part la défense, explicitement exclue par l'alinéa d qui suit, ça ratisse large, et de nombreux domaines peuvent tomber sous sa compétence théorique.

Les États membres peuvent, de plus, s'associer en plus petits groupes pour mettre en place des politiques ou agences particulières liées aux objectifs du Conseil. Dans son langage institutionnel et légal, on nomme ceux-ci « Accords partiels ».

Dans la Résolution statutaire (93) 28 sur les accords partiels et élargis, il est stipulé :


Le Comité des Ministres peut, à la majorité stipulée à l'article 20.d [majorité des deux tiers des voix exprimées, soumise à certaines restrictions] du Statut du Conseil de l'Europe:

- autoriser certains États membres à entreprendre une activité ou une série d'activités dans le cadre de l'Organisation, l'activité ou la série d'activités en question n'étant alors adoptée que par les Représentants qui auront voté en sa faveur, son application étant limitée en conséquence;
Donc, il suffit ici de l'autorisation des autres États membres, à travers le Conseil des Ministres, pour pouvoir enclencher le processus.

Mais pourquoi ne pas faire de coopérations hors-traités, sans avoir besoin des autres États membres ? N'y aurait-il pas là moyen d'aller encore plus vite ?

Du bienfondé des coopérations renforcées

Globalement, il me semble que l'intérêt des coopérations renforcées (ou autres accords partiels, etc.) est de créer un « point de convergence » commun sur un sujet donné qui empêche que des blocs distincts d'États se forment sur des questions identiques, ce qui minerait la cohérence interne de la zone ou de l'organisation. Un noyau unique sur le domaine couvert est donc créer, et  les États désirant participer à une politique commune dans ce domaine à l'avenir n'auront pas d'autre choix que de rejoindre ce groupe préexistant.

Ceci est possible car la création d'une nouvelle coopération est soumise à l'approbation (selon différentes règles) de l'organisation dans son ensemble, même si tous ses membres n'y participent pa.

Mais n'y aurait-il pas moyen de s'affranchir et de recréer une nouvelle politique commune hors-traité (qu'il s'agisse de l'UE ou du Conseil de l'Europe) ? Ou de refuser la constitution de coopérations menées par d'autres ? C'est certain, mais il y a de bonnes raisons de ne pas le faire, la raison principale étant qu'un tel comportement tend à saper la légitimité et l'influence de l'organisation, et donc l'influence même de ces membres « bloqueurs ».

Il y a bien sûr aussi des arguments techniques, comme la possibilité d'utiliser les une partie des ressources institutionnelles de l'organisation (c'est ce qui se fait au Conseil de l'Europe, où le secrétariat sert aussi pour les accords partiels ou élargis - Résolution statutaire 93(28), titre IV), ce qui permet sans  doute de réduire les couts de fonctionnement de l'ensemble.

Du bienfondé de la géométrie variable

Pourquoi la géométrie variable plutôt que le fédéralisme supranational, comme on tente de l'appliquer de plus en plus dans l'UE ? Car c'est la seule méthode qui permette d'avancer et de créer une dynamique européenne sans mettre en péril la démocratie et la souveraineté des membres.

La démocratie est en effet le consentement de la règle de la majorité par une ou des majorités. Un tel consentement n'est pas peu, et il se trouve qu'encore, à l'heure actuelle, l'État-nation demeure le cadre le plus large au sein duquel ce consentement existe (à quelques exceptions près). C'est l'une des raisons qui rendent le fonctionnement politique des États multinationaux si chaotiques et difficile. Les oppositions politiques, transcendés dans les cas « normaux » par l'identité nationale, se muent rapidement en oppositions de groupes nationaux/culturels à l'intérieur de l'État (en raison de luttes d'influence, ou de consensus sociaux différents à l'intérieur des différents groupes). Et comme les rapports de force entre les groupes ne changent que très lentement, non seulement il y a opposition, mais en plus il n'y plus vraiment de politique. Que des batailles politiques entre nations. Par extension, ce raisonnement s'applique aussi à la solidarité financière entre les différentes régions et groupe de l'État.

L'Allemagne n'a eu aucun problème pour financer la reconstruction de ses « nouveaux » Länder, à l'est. Elle ne semble pas prête à assumer les transferts nécessaires au soutien de la périphérie de la zone euro. La souveraineté des États-nations semble être donc toujours d'actualité. L'existence et la pertinence même des nations sont constamment remises en cause, d'aucuns les déclarant dépassés. Et pourtant, les faits sont là. La zone euro, et à fortiori l'UE, ne forme manifestement pas une communauté de type « nationale ». D'ailleurs, qu'y a-t-il de mal à ça ?

La place de l'État-nation est certes relativisée par la place des acteurs privés (grands groupes, ONG), les nouvelles formes d'autonomie locale des régions et États fédérés, et par les organisations d'intégration régionale. Pourtant, rien n'indique qu'il ne cesse d'exister. Il a tout simplement une nouvelle place dans cette « écologie » d'acteurs et d'identités. Pourquoi ne disparait-il pas ? À mon avis, c'est parce qu'il demeure porteur, outre un certain nombre de traits partagés comme la langue, une partie de la culture, etc. de la spécificité suivante, citée plus haut : c'est le cadre (territorial) le plus large qui suppose l'acceptation de la règle de la majorité par la minorité, notamment sous deux aspects :

  • La politique, avec des perdants qui reconnaissent la légitimité des gagnants, de manière générale
  • La solidarité financière, avec des « riches » qui ne vivent pas les transferts nets qui leur sont imposés vers leurs concitoyens moins fortunés comme une spoliation

C'est donc un cadre collectif qui, sans être unique, et bien que coexistant (quelquefois de manière compétitive) avec d'autres cadres, a une vocation particulière du fait de cette spécificité.

Partant de là, mis à part certaines compétences déléguées à des institutions communes, comme le fonctionnement du marché intérieur de l'UE et les normes qui s'y appliquent, les politiques communes (particulièrement celles qui impliquent vraiment des décisions politiques et non seulement techniques) sont bien plus acceptables dans un cadre volontaire et à géométrie variable que dans un cadre fédératif.

Élargissement progressif

La quasi totalité des États européens, y compris postsoviétiques, sont déjà dans le Conseil de l'Europe, et la Turquie y est depuis ses débuts. Pourquoi ne pas mettre un peu plus de politique dans cette organisation ? Et faire passer une partie de ce qu'on appelle la « politique de voisinage » de l'UE par ce cadre ? Cela ne pourrait-il pas préfigurer la grande Europe de l'Atlantique à l'Oural (jusqu'à Vladivostok, en fait) du Général de Gaulle ? Cela donnerait peut-être l'impression à certains pays de se sentir plus égaux que lors de négociations bilatérales avec l'UE où ils sont inévitablement désignés comme le partenaire junior. Une telle politique permettrait peut-être de débloquer un peu l'impasse dans laquelle se trouve l'Ukraine par exemple, en associant la Russie au projet, ce qui pourrait diminuer le tiraillement géopolitique constant vécu par ce pays entre Russie et Occident depuis longtemps.

Il s'agit donc de faire du Conseil de l'Europe le cercle large de l'intégration européenne. On pourrait dire qu'il l'est déjà. Mais j'ai plutôt l'impression que ses activités sont perçues comme étant parallèles et n'ayant que peu à voir avec le but final et réel de nombreux pays, c'est-à-dire l'adhésion à l'UE.

Construire ce lien plus fort entre l'UE et le Conseil comme cercles intérieur et extérieur d'un même projet européen ouvrirait donc la porte à un élargissement plus progressif et plus rapide, ne serait-ce que sur un plan symbolique.

À quand donc un Conseil de l'Europe plus politique ?

vendredi 18 octobre 2013

Graphie réformée du français (2)

Suite du premier message à ce sujet, avec, en vrac, quelques proposicions (présentées, ici encore, dans cette même grafie réformée).

Transcripcion des lètres grèques

Autant j'aprécie l'étimologie, autant le français n'aurait pas grand-chose à perdre en transcrivant les lettres grèques d'une manière conforme au reste du sistème grafique de la langue, come c'êt le cas dans les autres langues romanes. On écrit donc ortografe, filosofie, fotografie, alfa, cronologie, ritme, rume, arquéologie (notons ici la transcripcion diférente de chi - c ou qu - selon le contexte, par cohérence avec la logique du français), etc. Le castillan, le portugais et le catalan traitent ces lettres de manière tout à fait analogue. L'italien et le roumain possèdent eus aussi un sistème conforme à leur logique interne. Les y ayant valeur de voyelle sont, naturellement, grafiés tout simplement i : fisique, clorofile.

Quid de l'étimologie ?

Ce point êt sensible, puisque de nombreuses persones sont atachées à la présence de rapels étimologiques dans la grafie du français. J'adore moi aussi l'étimologie, mais on ne peut pas fonder l'intégralité de notre sistème grafique sur des considéracions étimologiques (qui ne sauraient être que parcielles - il s'agit de mots français, et non grecs). La majorité des langues européennes sont passées par là (le français, l'anglais et l'alemand sont en fait les seules excepcions notables).

Conversion gérérale des x muets en s (après u et i)

La rétencion des x finaus dans la grafie moderne du français étant une erreur manifeste, tant du point de vue de l'histoire de la langue que de sa cohérence interne, la quasi totalité des x muets devra être tout simplement changée en s.

Rapel

Cette pratique existe pricipalement parcequ'un certain nombre de personnes utilisaient autrefois le caractère x pour abréger la séquence us, fréquente en français (entre autres pour des raisons d'évolucion fonétique, notament la vocalisacion des /l/ finaus, come dans journal). La réintégracion du u s'étant faite sans la suppression du x, on se retrouve avec des x se comportant come, des s, qui d'ailleurs réapparait dans de nombreus mots dérivés (p. ex. nombreux - nombreuse).

Cohérence dans les noms et les adjectifs

Tel que noté plus haut, le maintient du x pose des problèmes de cohérence. Par exemple : choix/choisir, nombreux/nombreuse, etc.
On écrira donc naturellement chois, nombreus, heureus, cheveus, mais aussi aus (qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler son cousin portugais aos).

Quant aus chous, genous, bijous et autres joujous, ils ont naturellement vocacion à former leur pluriel en -s.

Verbes

Rien ne justifie à mon sens les je peux, tu veux. Le x se comporte ici come un s dans les liaisons, et ce même s est la maque courante des première et deusième personnes du singulier dans la conjugaison des verbes du troisième groupe (prends, vois, etc.).
Donc, je peus, tu veus.

Nombres

On écrit deux et deuxième, six et sixième, dix et dixième. Tout comme on a déjà trois et troisième, il serait bien plus cohérent d'écrire : deus/deusième, sis/sisième, dis/disième.
Au passage, sète/sètième, uit (h non étimologique, come dans huile, d'ailleurs), et soissante (et donc soissante-dis). 
Je propose aussi la supression du g dans vingt (rajouté plus ou moins pour faire joli, mais bien sûr pas celle du t). Donc, vint/vintième. Même traitement pour doigt, qui devient doit (et tant pis pour l'homografie, on ne risque pas de confondre).

Possibilité rejetée : changements dans le traitement des nasales

L'idée êt d'utiliser ũ tilde come marqueur de nasalisaciõ (tel qu'ilustré dãs ce paragrafe). Cette métode, repelãt l'alfabet fonétique internacional, êt notamẽt utilisée ẽ portugais pour indiquer les nasales (biẽ qu'elles puissent aussi, come en frãçais, être notées par une voyelle suivie d'une nasale, dãs certaĩs cas).

Cette pratique s'êt déjà vue en français, il y a de cela plusieurs siècles, sans doute par économie de composicion tipografique. Mais la lecture de ce simple paragrafe a déjà dû faire aparaitre divers problèmes, dont les suivants :
  • Désacordement de multiples familles de mots, notament masculin/féminin : ũ/une, paysã/paysane. Ici on n'ajoute pas de e, on doit changer la terminaison au complet.
  • Adjonccion de nouveaus caractères accentués en français. Nous en avons déjà sufisament, et ces voyelles tildées changent assés significativement l'aspet de la langue écrite, et en afectent la lisibilité.
Pour ces raisons, et pour quelques autres problèmes posés par cette tecnique, cette solucion n'êt pas retenue. Faire suivre les voyelles nasales par une consone nasale êt tout à fait satisfesant dans le contexte du français. 

Le verbe être à la troisième persone du singulier

Dans la quasi totalité du français, les s devenus muets après des voyelles ont été soit retirés, soit remplacés par un accent circonflexe au-dessus de la voyelle précédente, y compris le verbe estre, devenu être, et sa conjugaison vous estes, aujourd'hui vous êtes. Seule la troisième persone du présent semble faire de la résistance... Vous l'aurez remarqué plus haut, cette réforme préconise l'adopcion de la forme êt pour cette conjugaison, l'accent marquant ici très comodement la diférence entre la conjonccion et et le verbe être, le t final devant bien sûr être maintenu en raison des liaisons.
À ceus qui trouveraient cette grafie trop proche de la conjonccion, rapelons-nous qu'en portugais par exemple, le verbe à la troisième persone êt grafié é et la conjonccion e, les deus mots ne diférant que par l'accent porté par le verbe.

Lexicalisacion complète de est-ce que, qu'est-ce que et qu'est-ce qui

Soyons fous ! Les particules interrogatives est-ce que, qu'est-ce que et qu'est-ce qui ne sont absolument plus analisables en fonccion de leur origine étimologique, et sont même répertoriées dans les diccionaires come des locucions invariables. Rien ne nous empêche donc de grafier de la façon suivante : esque, quesque, quesqui. Cette lexicalisacion êt déjà complète dans la langue parlée, même soutenue.
"- Esque cette réforme êt viable ? - Quesque ça peut bien te faire ?"

Une telle lexicalisacion n'êt pas inédite en français. Pensons notament au mot affaire, dérivé de la locucion à faire.

La question des terminaisons -tion et -tiel(le)

De nombreuses familles de mots alternent entre -ci- et -ti- (prononcés /si/), et cette dernière n'êt pas fonétique... Essence mais essentiel, différence mais différentiel, etc. En espagnol, les grafies -cíon (-ciones) et -cial (-ciales) sont utilisées, en portugais -ção (-ções) et -cial (-ciais). Les homologues français de ces grafies sont donc naturellement -cion et -ciel(le). Le t êt conservé dans les mots où il aparait et se prononce comme tel (democracia mais democratización en espagnol, donc démocracie et démocratisacion en français).

La question des consones doubles après e

Les consones doubles sont pour l'essenciel simplifiées. Un problème demeure toutefois : celui des e instables suivis de consones doubles, changeant la prononciacion à "è", et plus généralement le problème des e suivis de consones doubles, même en tant que voyelle stable. Pour l'instant, le plus simple êt à mon sens de conserver les convencions actuelles de formacion du féminin (bien qu'elles ne soient pas universelles), bien ancrées dans l'usage, et de conserver des mots comme terre, celle, nette (et non tère, cèle, nète), ce qui évite aussi une grande proliféracion d'accents graves...
Ce chois pose clairement certains problèmes de cohérence, et la question devra peutêtre (notons la soudure du mot peut-être, analogue au catalan potser) être étudiée plus tard.

Francisacion des emprunts

Les emprunts étrangers doivent globalement s'adapter à la fonétique française, mais aussi à son sistème grafique. Où sont donc nos lideurs qui jouent au foutebol ? L'espagnol et le portugais acceptent presque intégralement cette approche pour la transcripcion des termes d'origine étrangère (ex. líder).
Cette aproche se recnontre parciellement en français avec des mots comme fioul, globetrotteur (ce dernier déja accepté selon les rectificacions de 1990).

Le cas du sufixe -ing

Le cas du sufixe -ing êt intéressant, toutefois. On pourrait peutêtre le transcrire par -igne (parquigne, foutigne), mais ce ne serait pas pleinement satisfesant, ni fidèle à la prononciacion majoritaire, probablement. Le problème êt ici le statut du fonème /ŋ/ en français (existe-t-il vraiment ?) et sa réalisacion variable selon les locuteurs (/iŋg/ ? /iɲ/ ?).
Faute de mieus, gardons-le tel quel pour le moment...

Viabilité de la réforme

Quelles sont les chances de voir ce tipe de réforme ortografique adoptée ? Quasi nules à mon avis. Il êt certes tout à fait possible de réformer en profondeur le sistème grafique d'une langue, mais au sein de populacions complètement alfabétisées, et ce de longue date, le changement êt très difficile. On nous rapèlera pourtant les réussites des réformes néerlandaises et danoises du XXe siècle. Mais on ne peut pas non plus oublier les dificultés rencontrées par les rectificacions ortografiques du français de 1990, l'Accord ortografique portugais de 1990 et la réforme ortografique alemande de 1996, oficiellement en vigueur mais peu suivies (en bone voie quand même en alemand et en portugais).

Les deus éléments les plus importants

Il convient bien sûr d'être favorable aus rectificacions ortografiques de 1990. Mais si on devait aler plus loin, des diférents éléments cités au cours de ce texte, lesquels choisir ? J'en séleccionerais deus : la conversion des lètres grèques et l'abandon des x finaus au profit de s. Le reste peut, selon moi, rester tel quel, ou être rafistolé graduellement par des rustines du tipe rectificacions de 1990. On s'acomodera bien du reste.