jeudi 5 décembre 2013

Conseil de l'Europe

À l'heure ou l'Union européenne a toutes les peines du monde trouver un équilibre économique à la fois stable et acceptable pour tous ses membres, notamment ceux de la zone euro, et semble repartie pour une autre fuite en avant dans la réforme institutionnelle, il serait peut-être bon de se rappeler que l'UE n'est pas la seule organisation européenne qui existe.

Le Conseil de l'Europe (complètement distinct du Conseil européen, institution de l'UE) existe depuis 1949, regroupe presque toute l'Europe au sens large (47 membres, dont la Russie, la Turquie et les pays du Caucase) et offre un cadre à la fois souple et large de coopération.

Difficultés de l'UE et coopérations renforcées

On met souvent en tension les aspirations - potentiellement - fédérales de l'UE avec la réalité des dissensions entre États membres, interdisant d'avancer de concert, orientant plutôt la construction de l'Europe politique (si tant est qu'elle puisse vraiment exister, ce qui reste à prouver) vers un système à plusieurs vitesses (en cercles concentriques), voire "à la carte" (par coopérations renforcées - c'est le terme officiel - entre États volontaires).

La possibilité de former des coopérations renforcées est entrée dans le droit européen avec le Traité d'Amsterdam en 1997, mais malgré certaines simplifications effectuées par la suite, le mécanisme, lourd, reste très difficile d'utilisation en raison des nombreuses contraintes qui pèsent sur lui, entre autres l'autorisation de la Commission, qui ensuite envoie la demande si elle est acceptée au Conseil, etc.

De nombreux eurosceptiques réticents au fédéralisme européen ne cachent pas leur préférence pour une Europe « à la carte », de coopérations volontaires, dans un esprit « confédéral », et dans sa variante « gaullienne », « de l'Atlantique à l'Oural ». Lorsqu'on entend ce genre de descriptions, je ne peux m'empêcher de penser qu'à côté de l'UE « communautaire » (faute de terme approprié pour la qualifier), cette grande Europe confédérale semble déjà exister, même si elle reste à l'arrière-plan : le Conseil de l'Europe.

Une grande Europe à la carte existe déjà !

Pour les projets et politiques qui ne décolleraient pas dans le système de l'UE voire même - peu probable, mais quand même - en cas de fin de l'UE pour causes de dissensions trop fortes, il peut être utile de se rappeler qu'une « première Europe » existe depuis plus de 60 ans, à la fois très grande (puisqu'elle inclut l'Europe au sens large, de l'Islande jusqu'au Caucase, Turquie et Russie incluses) et très souple (puisque nombre des conventions signées sous son égide ne concernent que les États-membres volontaires).

Du Conseil de l'Europe connait bien sûr la Convention européenne des droits de l'homme et le processus de Bologne d'unification des systèmes universitaires du continent, mais on est moins au courant des très nombreuses Conventions plus ou moins techniques qui existent aussi.
Toutefois, si on lit le Statut du Conseil de l'Europe, son traité fondateur, les États membres peuvent utiliser ses institutions pour toute activité de coopération jugée appropriée ou presque :

Article 1er, alinéa b :
Ce but sera poursuivi au moyen des organes du Conseil, par l'examen des questions d'intérêt commun, par la conclusion d'accords et par l'adoption d'une action commune dans les domaines économique, social, culturel, scientifique, juridique et administratif, ainsi que par la sauvegarde et le développement des droits de l'homme et des libertés fondamentales. 


Donc, à part la défense, explicitement exclue par l'alinéa d qui suit, ça ratisse large, et de nombreux domaines peuvent tomber sous sa compétence théorique.

Les États membres peuvent, de plus, s'associer en plus petits groupes pour mettre en place des politiques ou agences particulières liées aux objectifs du Conseil. Dans son langage institutionnel et légal, on nomme ceux-ci « Accords partiels ».

Dans la Résolution statutaire (93) 28 sur les accords partiels et élargis, il est stipulé :


Le Comité des Ministres peut, à la majorité stipulée à l'article 20.d [majorité des deux tiers des voix exprimées, soumise à certaines restrictions] du Statut du Conseil de l'Europe:

- autoriser certains États membres à entreprendre une activité ou une série d'activités dans le cadre de l'Organisation, l'activité ou la série d'activités en question n'étant alors adoptée que par les Représentants qui auront voté en sa faveur, son application étant limitée en conséquence;
Donc, il suffit ici de l'autorisation des autres États membres, à travers le Conseil des Ministres, pour pouvoir enclencher le processus.

Mais pourquoi ne pas faire de coopérations hors-traités, sans avoir besoin des autres États membres ? N'y aurait-il pas là moyen d'aller encore plus vite ?

Du bienfondé des coopérations renforcées

Globalement, il me semble que l'intérêt des coopérations renforcées (ou autres accords partiels, etc.) est de créer un « point de convergence » commun sur un sujet donné qui empêche que des blocs distincts d'États se forment sur des questions identiques, ce qui minerait la cohérence interne de la zone ou de l'organisation. Un noyau unique sur le domaine couvert est donc créer, et  les États désirant participer à une politique commune dans ce domaine à l'avenir n'auront pas d'autre choix que de rejoindre ce groupe préexistant.

Ceci est possible car la création d'une nouvelle coopération est soumise à l'approbation (selon différentes règles) de l'organisation dans son ensemble, même si tous ses membres n'y participent pa.

Mais n'y aurait-il pas moyen de s'affranchir et de recréer une nouvelle politique commune hors-traité (qu'il s'agisse de l'UE ou du Conseil de l'Europe) ? Ou de refuser la constitution de coopérations menées par d'autres ? C'est certain, mais il y a de bonnes raisons de ne pas le faire, la raison principale étant qu'un tel comportement tend à saper la légitimité et l'influence de l'organisation, et donc l'influence même de ces membres « bloqueurs ».

Il y a bien sûr aussi des arguments techniques, comme la possibilité d'utiliser les une partie des ressources institutionnelles de l'organisation (c'est ce qui se fait au Conseil de l'Europe, où le secrétariat sert aussi pour les accords partiels ou élargis - Résolution statutaire 93(28), titre IV), ce qui permet sans  doute de réduire les couts de fonctionnement de l'ensemble.

Du bienfondé de la géométrie variable

Pourquoi la géométrie variable plutôt que le fédéralisme supranational, comme on tente de l'appliquer de plus en plus dans l'UE ? Car c'est la seule méthode qui permette d'avancer et de créer une dynamique européenne sans mettre en péril la démocratie et la souveraineté des membres.

La démocratie est en effet le consentement de la règle de la majorité par une ou des majorités. Un tel consentement n'est pas peu, et il se trouve qu'encore, à l'heure actuelle, l'État-nation demeure le cadre le plus large au sein duquel ce consentement existe (à quelques exceptions près). C'est l'une des raisons qui rendent le fonctionnement politique des États multinationaux si chaotiques et difficile. Les oppositions politiques, transcendés dans les cas « normaux » par l'identité nationale, se muent rapidement en oppositions de groupes nationaux/culturels à l'intérieur de l'État (en raison de luttes d'influence, ou de consensus sociaux différents à l'intérieur des différents groupes). Et comme les rapports de force entre les groupes ne changent que très lentement, non seulement il y a opposition, mais en plus il n'y plus vraiment de politique. Que des batailles politiques entre nations. Par extension, ce raisonnement s'applique aussi à la solidarité financière entre les différentes régions et groupe de l'État.

L'Allemagne n'a eu aucun problème pour financer la reconstruction de ses « nouveaux » Länder, à l'est. Elle ne semble pas prête à assumer les transferts nécessaires au soutien de la périphérie de la zone euro. La souveraineté des États-nations semble être donc toujours d'actualité. L'existence et la pertinence même des nations sont constamment remises en cause, d'aucuns les déclarant dépassés. Et pourtant, les faits sont là. La zone euro, et à fortiori l'UE, ne forme manifestement pas une communauté de type « nationale ». D'ailleurs, qu'y a-t-il de mal à ça ?

La place de l'État-nation est certes relativisée par la place des acteurs privés (grands groupes, ONG), les nouvelles formes d'autonomie locale des régions et États fédérés, et par les organisations d'intégration régionale. Pourtant, rien n'indique qu'il ne cesse d'exister. Il a tout simplement une nouvelle place dans cette « écologie » d'acteurs et d'identités. Pourquoi ne disparait-il pas ? À mon avis, c'est parce qu'il demeure porteur, outre un certain nombre de traits partagés comme la langue, une partie de la culture, etc. de la spécificité suivante, citée plus haut : c'est le cadre (territorial) le plus large qui suppose l'acceptation de la règle de la majorité par la minorité, notamment sous deux aspects :

  • La politique, avec des perdants qui reconnaissent la légitimité des gagnants, de manière générale
  • La solidarité financière, avec des « riches » qui ne vivent pas les transferts nets qui leur sont imposés vers leurs concitoyens moins fortunés comme une spoliation

C'est donc un cadre collectif qui, sans être unique, et bien que coexistant (quelquefois de manière compétitive) avec d'autres cadres, a une vocation particulière du fait de cette spécificité.

Partant de là, mis à part certaines compétences déléguées à des institutions communes, comme le fonctionnement du marché intérieur de l'UE et les normes qui s'y appliquent, les politiques communes (particulièrement celles qui impliquent vraiment des décisions politiques et non seulement techniques) sont bien plus acceptables dans un cadre volontaire et à géométrie variable que dans un cadre fédératif.

Élargissement progressif

La quasi totalité des États européens, y compris postsoviétiques, sont déjà dans le Conseil de l'Europe, et la Turquie y est depuis ses débuts. Pourquoi ne pas mettre un peu plus de politique dans cette organisation ? Et faire passer une partie de ce qu'on appelle la « politique de voisinage » de l'UE par ce cadre ? Cela ne pourrait-il pas préfigurer la grande Europe de l'Atlantique à l'Oural (jusqu'à Vladivostok, en fait) du Général de Gaulle ? Cela donnerait peut-être l'impression à certains pays de se sentir plus égaux que lors de négociations bilatérales avec l'UE où ils sont inévitablement désignés comme le partenaire junior. Une telle politique permettrait peut-être de débloquer un peu l'impasse dans laquelle se trouve l'Ukraine par exemple, en associant la Russie au projet, ce qui pourrait diminuer le tiraillement géopolitique constant vécu par ce pays entre Russie et Occident depuis longtemps.

Il s'agit donc de faire du Conseil de l'Europe le cercle large de l'intégration européenne. On pourrait dire qu'il l'est déjà. Mais j'ai plutôt l'impression que ses activités sont perçues comme étant parallèles et n'ayant que peu à voir avec le but final et réel de nombreux pays, c'est-à-dire l'adhésion à l'UE.

Construire ce lien plus fort entre l'UE et le Conseil comme cercles intérieur et extérieur d'un même projet européen ouvrirait donc la porte à un élargissement plus progressif et plus rapide, ne serait-ce que sur un plan symbolique.

À quand donc un Conseil de l'Europe plus politique ?

vendredi 18 octobre 2013

Graphie réformée du français (2)

Suite du premier message à ce sujet, avec, en vrac, quelques proposicions (présentées, ici encore, dans cette même grafie réformée).

Transcripcion des lètres grèques

Autant j'aprécie l'étimologie, autant le français n'aurait pas grand-chose à perdre en transcrivant les lettres grèques d'une manière conforme au reste du sistème grafique de la langue, come c'êt le cas dans les autres langues romanes. On écrit donc ortografe, filosofie, fotografie, alfa, cronologie, ritme, rume, arquéologie (notons ici la transcripcion diférente de chi - c ou qu - selon le contexte, par cohérence avec la logique du français), etc. Le castillan, le portugais et le catalan traitent ces lettres de manière tout à fait analogue. L'italien et le roumain possèdent eus aussi un sistème conforme à leur logique interne. Les y ayant valeur de voyelle sont, naturellement, grafiés tout simplement i : fisique, clorofile.

Quid de l'étimologie ?

Ce point êt sensible, puisque de nombreuses persones sont atachées à la présence de rapels étimologiques dans la grafie du français. J'adore moi aussi l'étimologie, mais on ne peut pas fonder l'intégralité de notre sistème grafique sur des considéracions étimologiques (qui ne sauraient être que parcielles - il s'agit de mots français, et non grecs). La majorité des langues européennes sont passées par là (le français, l'anglais et l'alemand sont en fait les seules excepcions notables).

Conversion gérérale des x muets en s (après u et i)

La rétencion des x finaus dans la grafie moderne du français étant une erreur manifeste, tant du point de vue de l'histoire de la langue que de sa cohérence interne, la quasi totalité des x muets devra être tout simplement changée en s.

Rapel

Cette pratique existe pricipalement parcequ'un certain nombre de personnes utilisaient autrefois le caractère x pour abréger la séquence us, fréquente en français (entre autres pour des raisons d'évolucion fonétique, notament la vocalisacion des /l/ finaus, come dans journal). La réintégracion du u s'étant faite sans la suppression du x, on se retrouve avec des x se comportant come, des s, qui d'ailleurs réapparait dans de nombreus mots dérivés (p. ex. nombreux - nombreuse).

Cohérence dans les noms et les adjectifs

Tel que noté plus haut, le maintient du x pose des problèmes de cohérence. Par exemple : choix/choisir, nombreux/nombreuse, etc.
On écrira donc naturellement chois, nombreus, heureus, cheveus, mais aussi aus (qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler son cousin portugais aos).

Quant aus chous, genous, bijous et autres joujous, ils ont naturellement vocacion à former leur pluriel en -s.

Verbes

Rien ne justifie à mon sens les je peux, tu veux. Le x se comporte ici come un s dans les liaisons, et ce même s est la maque courante des première et deusième personnes du singulier dans la conjugaison des verbes du troisième groupe (prends, vois, etc.).
Donc, je peus, tu veus.

Nombres

On écrit deux et deuxième, six et sixième, dix et dixième. Tout comme on a déjà trois et troisième, il serait bien plus cohérent d'écrire : deus/deusième, sis/sisième, dis/disième.
Au passage, sète/sètième, uit (h non étimologique, come dans huile, d'ailleurs), et soissante (et donc soissante-dis). 
Je propose aussi la supression du g dans vingt (rajouté plus ou moins pour faire joli, mais bien sûr pas celle du t). Donc, vint/vintième. Même traitement pour doigt, qui devient doit (et tant pis pour l'homografie, on ne risque pas de confondre).

Possibilité rejetée : changements dans le traitement des nasales

L'idée êt d'utiliser ũ tilde come marqueur de nasalisaciõ (tel qu'ilustré dãs ce paragrafe). Cette métode, repelãt l'alfabet fonétique internacional, êt notamẽt utilisée ẽ portugais pour indiquer les nasales (biẽ qu'elles puissent aussi, come en frãçais, être notées par une voyelle suivie d'une nasale, dãs certaĩs cas).

Cette pratique s'êt déjà vue en français, il y a de cela plusieurs siècles, sans doute par économie de composicion tipografique. Mais la lecture de ce simple paragrafe a déjà dû faire aparaitre divers problèmes, dont les suivants :
  • Désacordement de multiples familles de mots, notament masculin/féminin : ũ/une, paysã/paysane. Ici on n'ajoute pas de e, on doit changer la terminaison au complet.
  • Adjonccion de nouveaus caractères accentués en français. Nous en avons déjà sufisament, et ces voyelles tildées changent assés significativement l'aspet de la langue écrite, et en afectent la lisibilité.
Pour ces raisons, et pour quelques autres problèmes posés par cette tecnique, cette solucion n'êt pas retenue. Faire suivre les voyelles nasales par une consone nasale êt tout à fait satisfesant dans le contexte du français. 

Le verbe être à la troisième persone du singulier

Dans la quasi totalité du français, les s devenus muets après des voyelles ont été soit retirés, soit remplacés par un accent circonflexe au-dessus de la voyelle précédente, y compris le verbe estre, devenu être, et sa conjugaison vous estes, aujourd'hui vous êtes. Seule la troisième persone du présent semble faire de la résistance... Vous l'aurez remarqué plus haut, cette réforme préconise l'adopcion de la forme êt pour cette conjugaison, l'accent marquant ici très comodement la diférence entre la conjonccion et et le verbe être, le t final devant bien sûr être maintenu en raison des liaisons.
À ceus qui trouveraient cette grafie trop proche de la conjonccion, rapelons-nous qu'en portugais par exemple, le verbe à la troisième persone êt grafié é et la conjonccion e, les deus mots ne diférant que par l'accent porté par le verbe.

Lexicalisacion complète de est-ce que, qu'est-ce que et qu'est-ce qui

Soyons fous ! Les particules interrogatives est-ce que, qu'est-ce que et qu'est-ce qui ne sont absolument plus analisables en fonccion de leur origine étimologique, et sont même répertoriées dans les diccionaires come des locucions invariables. Rien ne nous empêche donc de grafier de la façon suivante : esque, quesque, quesqui. Cette lexicalisacion êt déjà complète dans la langue parlée, même soutenue.
"- Esque cette réforme êt viable ? - Quesque ça peut bien te faire ?"

Une telle lexicalisacion n'êt pas inédite en français. Pensons notament au mot affaire, dérivé de la locucion à faire.

La question des terminaisons -tion et -tiel(le)

De nombreuses familles de mots alternent entre -ci- et -ti- (prononcés /si/), et cette dernière n'êt pas fonétique... Essence mais essentiel, différence mais différentiel, etc. En espagnol, les grafies -cíon (-ciones) et -cial (-ciales) sont utilisées, en portugais -ção (-ções) et -cial (-ciais). Les homologues français de ces grafies sont donc naturellement -cion et -ciel(le). Le t êt conservé dans les mots où il aparait et se prononce comme tel (democracia mais democratización en espagnol, donc démocracie et démocratisacion en français).

La question des consones doubles après e

Les consones doubles sont pour l'essenciel simplifiées. Un problème demeure toutefois : celui des e instables suivis de consones doubles, changeant la prononciacion à "è", et plus généralement le problème des e suivis de consones doubles, même en tant que voyelle stable. Pour l'instant, le plus simple êt à mon sens de conserver les convencions actuelles de formacion du féminin (bien qu'elles ne soient pas universelles), bien ancrées dans l'usage, et de conserver des mots comme terre, celle, nette (et non tère, cèle, nète), ce qui évite aussi une grande proliféracion d'accents graves...
Ce chois pose clairement certains problèmes de cohérence, et la question devra peutêtre (notons la soudure du mot peut-être, analogue au catalan potser) être étudiée plus tard.

Francisacion des emprunts

Les emprunts étrangers doivent globalement s'adapter à la fonétique française, mais aussi à son sistème grafique. Où sont donc nos lideurs qui jouent au foutebol ? L'espagnol et le portugais acceptent presque intégralement cette approche pour la transcripcion des termes d'origine étrangère (ex. líder).
Cette aproche se recnontre parciellement en français avec des mots comme fioul, globetrotteur (ce dernier déja accepté selon les rectificacions de 1990).

Le cas du sufixe -ing

Le cas du sufixe -ing êt intéressant, toutefois. On pourrait peutêtre le transcrire par -igne (parquigne, foutigne), mais ce ne serait pas pleinement satisfesant, ni fidèle à la prononciacion majoritaire, probablement. Le problème êt ici le statut du fonème /ŋ/ en français (existe-t-il vraiment ?) et sa réalisacion variable selon les locuteurs (/iŋg/ ? /iɲ/ ?).
Faute de mieus, gardons-le tel quel pour le moment...

Viabilité de la réforme

Quelles sont les chances de voir ce tipe de réforme ortografique adoptée ? Quasi nules à mon avis. Il êt certes tout à fait possible de réformer en profondeur le sistème grafique d'une langue, mais au sein de populacions complètement alfabétisées, et ce de longue date, le changement êt très difficile. On nous rapèlera pourtant les réussites des réformes néerlandaises et danoises du XXe siècle. Mais on ne peut pas non plus oublier les dificultés rencontrées par les rectificacions ortografiques du français de 1990, l'Accord ortografique portugais de 1990 et la réforme ortografique alemande de 1996, oficiellement en vigueur mais peu suivies (en bone voie quand même en alemand et en portugais).

Les deus éléments les plus importants

Il convient bien sûr d'être favorable aus rectificacions ortografiques de 1990. Mais si on devait aler plus loin, des diférents éléments cités au cours de ce texte, lesquels choisir ? J'en séleccionerais deus : la conversion des lètres grèques et l'abandon des x finaus au profit de s. Le reste peut, selon moi, rester tel quel, ou être rafistolé graduellement par des rustines du tipe rectificacions de 1990. On s'acomodera bien du reste.

vendredi 7 juin 2013

Épicurisme

L'une des philosophies qui a le plus alimenté ma réflexion ces dernières années est sans aucun doute l'épicurisme, école de philosophie antique fondée par le philosophe Épicure, à Athènes.
Épicure est né à Samos, ile dans la mer Égée vers 341 avant J.-C., avant de s'installer à Athènes. Son école de philosophie, née en Grèce antique aux alentours de l'an 306 avant J.-C., est une philosophie matérialiste (au sens philosophique du terme) inspirée de l'atomisme du philosophe Démocrite. Épicure a, au cours de sa carrière, énormément écrit. Il pratiquait et diffusait sa philosophie à partir d'un domaine qu'il possédait en-dehors d'Athènes, le Jardin.

Un prisme matérialiste et hédoniste sur l'existence

Épicure pensait que le monde (humains compris) était composé d'atomes, éléments insécables (a-tome) de matière et rejetait la croyance généralement admise des quatre éléments. Bien que n'ayant pas pu "découvrir" les atomes au sens scientifique moderne du terme, les atomistes grecs ont tout de même fait preuve d'une intuition géniale dans leur réflexion sur le monde matériel, menant à une vision du monde matériel qui n'est pas tout à fait étrangère à celle que nous avons développée au cours des derniers siècles.

Découlant du principe que l'être humain, et son âme, sont matériels et se dissolvent donc au moment de la mort, et que les dieux n'interviennent pas dans l'existence humaine, il conclut que la seule valeur humaine ultimement tangible est celle du plaisir. Il s'agit donc d'une doctrine hédoniste, à proprement parler. C'est donc sur l'humain et sur les valeurs humaines que se fonde cette philosophie.

Les Épicuriens ne prônaient toutefois pas un hédonisme débridé, mais un plaisir modéré, presque ascétique, défini plus par l'absence de douleur (aponia) et d'angoisse (ataraxie), fondée sur une vie simple au sein d'une communauté humaine chaleureuse. L'amitié est en effet vue comme une condition du bonheur, tant il est vrai que les humains sont des animaux sociaux qui apirent à l'affection et à la reconnaissance de leurs congénères.

L'individu épicurien était mené dans cette vie vers l'ataraxie, soit la paix de l'esprit et l'absence de soucis, ses besoins essentiels étant satisfaits.

Le traitement de la mort

L'attitude épicurienne face à la mort est probablement l'une de ses plus grandes forces. Dans sa lettre à Ménécée (l'un des quelques textes d'Épicure parvenus jusqu'à nous), Épicure écrit : "la mort n'est rien pour nous, tant que nous sommes, la mort n'est pas, et lorsqu'elle est là, c'est nous qui ne somme plus". C'est l'une des leçons les plus dures mais aussi les plus fondamentales de l'existence selon moi, en tout cas pour l'individu qui ne peut pas croire en une vie après la mort. C'est une maxime à garder en tête, qui permet de relativiser et mettre à distance les difficultés rencontrées dans la vie, ainsi que la peur de la mort. En effet, au pire, on meurt, et la mort n'est "rien" (la sienne propre est imperceptible en tout cas - pas celle des autres).­.. Elle évite aussi de se prendre trop au sérieux. Nous ne somme qu'humains, après tout, et partageons le même destin, même si le chemin pris est différent pour chacun.

On voit aussi le lien avec l'hédonisme, puisqu'en l'absence de rétribution donnant un sens absolu aux actions humaines, il ne reste plus grand chose pour guider l'action humaine, autre que l'humain lui-même.

Une épistémologie empiriste

C'est par les sens que les connaissances sur le monde sont acquises dans la pensée épicurienne, préfigurant l'empirisme florissant dans la pensée occidentale à partir du XVIIIe siècle. Les connaissances découlent de la perception du monde extérieures, et non d'idées a priori.

Et les dieux dans tout ça ?

Épicure n'était pas athée à proprement parler, ou du moins ne prétendait pas l'être. Les dieux étaient des êtres matériels bienheureux qui, en raison de leur état de béatitude, n'avaient aucune envie ou besoin d'interférer dans les affaires humaines (et donc de leur infliger un quelconque châtiment en raison de telle ou telle action). Ils se contentaient d'exister. Épicure les utilise comme modèles idéaux d'êtres humains "ataraxiques". La personne heureuse vit "comme un dieu".

Une exception sociale

Au plan sociologique, en Grèce et dans l'Empire romain, l'épicurisme se distinguait des autres écoles de philosophie par son acceptation des femmes et des esclaves. Tous ne sont ni plus ni moins que des êtres matériels, après tout. C'est donc un ancêtre de notre humanisme moderne.

Tetrapharmakos

La philosophie épicurienne se trouve résume dans ce qu'on appelle le tetrapharmakos, le "quadruple remède" :
  • Ne pas craindre les dieux
  • Ne pas craindre la mort
  • Le bonheur s'obtient facilement
  • La souffrance est facile à supporter
Une limite dans le rapport au collectif au sens plus large et au sens ?

L'épicurisme pense essentiellement l'éthique à travers l'individu, ses plaisirs et ses douleurs. Il reconnait l'importance du lien à autrui par sa valorisation de l'amitié, mais, dans sa forme "orthodoxe" (celle d'Épicure, a priori), recommande de s'abstenir de participer à la vie politique et publique, de ne pas rechercher les honneurs, bonheurs superficiels.

Force est de constater que ce qui motive les individus dans la vie réelle n'est pas seulement la recherche du plaisir et l'évitement de la douleurs, certaines personnes s'imposant des souffrances significatives dans le but d'atteindre leurs objectifs. Elle fait l'impasse sur les questions de sens, souvent liées justement à la participation de l'individu dans un contexte social large.

C'est pour cette raison que je classerais l'épicurisme dans la catégorie des philosophies à usage ou à visée "personnelle". Disons qu'elle contient le genre de raisonnement propre à pacifier l'esprit d'un individu face à certains faits de l'existence, mais pas de faire faire fonctionner une société entière (même si elle peut y contribuer) ou à motiver positivement ledit individu. L'épicurisme fonctionne sur un mode "négatif", il ne s'agit pas tant d'agir ou de se développer que d'amenuiser la peur. Ce qui est un début, mais n'est pas tout.

Une postérité importante

De nombreux philosophes grecs et romains se sont réclamés de la philosophie d'Épicure après sa mort. On peut penser au poète romain Lucrèce, auteur d'un des plus grands textes épicuriens (De rerum natura, De la nature des choses), à Philodème de Gadara, dont une partie des œuvres s'est retrouvée ensevelie à Herculanum, après l'éruption du Vésuve ou à Diogène d'Œnanda, qui fit graver les principes de la pensée épicurienne sur un grand mur (de nombreux fragments ont été retrouvés).
De nombreux philosophes ont aussi été influencés par cette pensée à partir de la Renaissance (par exemple Michel de Montaigne et David Hume, philosophe empiriste écossais du XVIIIe siècle).  

Conclusion provisoire

L'épicurisme est donc une tradition occidentale à portée philosophique et thérapeutique à redécouvrir, système de pensée certes ancien, mais "laïque", évacuant l'immatériel (dans les limites des connaissances et intuitions du moment) de son champ de réflexion éthique, et donc assez compatible dans son principe avec la vision scientifique contemporaine du monde.

mardi 16 avril 2013

Francophonie

Au moment où un certain pessimisme et un certain manque de confiance affectent tant la France que le Québec, pôles respectifs de la Francophonie européenne et américaine respectivement (pour des raisons différentes, d'ailleurs), il est temps de faire un retour sur les langues, à commencer par la nôtre point fondamental, porteur à la fois de communication et d'identité. L'autodénigrement n'est souvent pas loin et n'épargne pas la langue.

Rappelons que non contents d'être l'une des cultures fondatrices de l'Occident moderne, le français est la langue officielle de dizaines d'États, utilisé régulièrement par quelque 220 millions de personnes comme langue première et seconde (chiffres de l'organisation internationale de la francophonie de 2010 : http://www.francophonie.org/IMG/pdf/Synthese-Langue-Francaise-2010.pdf). 
Ce chiffre ne tient pas comptes de millions de personnes ayant appris le français et capables de s'exprimer dans cette langue à divers degrés.

Le français est une langue active sur Internet. La version française de Wikipédia est la troisième par le nombre d'articles (après les versions anglaise et allemande), dépassant par exemple les versions espagnole et portugaise, dont les territoires où l'accès Internet est (pour l'instant) moins répandu. Notons aussi que la version néerlandaise est en quatrième position, comme quoi la masse démographique (environ 21 millions de locuteurs) ne fait pas tout, non plus.

Le français est, de plus, une langue véhiculaire en expansion en Afrique de l'Ouest et centrale (elle n'est d'ailleurs pas la seule, l'anglais et le swahili disposant eux aussi de vastes territoires) et semble destinée à perdurer encore longtemps dans la région.

En Europe, la santé démographique de la France permet d'envisager de belles perspectives au français, surtout si elle se double d'une remontée de pente économique (nous aurons l'occasion d'y revenir). Le taux de fertilité, légèrement supérieur à 2 enfants par femme en moyenne, est très satisfaisant, les conditions étant réunies pour une progression lente de la population au cours des prochaines décennies. Ces conditions sont d'ailleurs peu ou prou partagées par la frange nord-ouest de l'Europe, de l'Irlande à la Suède, en passant par le Royaume-Uni et le Danemark, contrastant avec le Sud et l'Est (Allemagne incluse), dont les taux de fertilité sont très au-dessous du niveau de 2,1 requis pour un renouvèlement des générations (1,3 à 1,5). Nous y reviendrons d'ailleurs un autre jour.

Tout ça pour dire, la lucidité sur notre situation ne doit pas nous amener à nous apitoyer, mais à nous faire prendre conscience de notre potentiel.

Francophonie au Québec
Le Québec constitue le seul peuple francophone d'Amérique et son socle démographique. Nous n'ignorons pas ici les autres francophones d'Amérique, mais ils ne peuvent prétendre à la même centralité. Le Québec est la seule société nord-américaine (au sens É.-U. et Canada), où l'anglais n'est pas la langue commune. C'est par là-même une société unique et un miracle historique et démographique en rétrospective, qui se distingue aussi du reste du continent par de nombreux autres tropismes, notamment politiques.

Mais c'est le fait français qui est fondateur et définit le Québec par rapport au reste. C'est aussi l'une de ses richesses essentielles. Loin d'un certain discours fallacieux qui prétend que le Québec n'est pas assez bilingue (entendre "anglophone" - ceci alors que le Québec est l'une des sociétés les plus bilingues d'Amérique) ou que le Québec est renfermé sur lui-même du fait de sa différence linguistique, le français est une porte vers tout un autre monde vers lequel le reste du continent n'a pas accès, le monde francophone.

Celui-ci contient bien sûr la France, la Belgique francophone et la Suisse romande, mais aussi nombre de peuples ayant le français en partage à un niveau ou à un autre. Le nombre de Maghrébins, de Libanais, d'Africains francophones ou de Roumains (tous "francotropes" à différents niveaux) installés au Québec en témoigne. Les liens économiques avec la francophonie mondiale sont importants : la France est un investisseur important au Québec (le second après les États-Unis, il semblerait) et est une terre de prédilection pour les créateurs québécois souhaitant s'exporter à l'étranger. Un avantage dont ne disposent pas nombre de régions ­« différentes » de par le monde. Et ne parlons pas du tourisme que rapporte la francophonie. On vend un produit spécifique et différencié, pas la même chose que partout ailleurs !
Il est donc non seulement agréable pour le Québec d'être lui-même, mais c'est utile en plus !

Les Québécois connaissent Tintin et Astérix, voient au cinéma les plus grands succès du cinéma français (pas tous, mais c'est infiniment plus que zéro). Tout cela ne les empêchant pas de connaitre et de naviguer sans problème dans la culture anglo-américaine (elle aussi après tout l'une des plus importantes au monde).

La francophonie du Québec, loin d'être un handicap, est un plus qui n'enlève rien, les Québécois étant très au fait de la culture nord-américaine dans laquelle baigne le continent tout entier, qu'elle soit populaire ou professionnelle, mais permettant de créer d'autres liens. Les Québécois parlent suffisamment anglais pour communiquer et commercer avec le reste du continent. La francitude québécoise est un pont jeté vers l'extérieur, qui fait probablement du Québec l'une des sociétés les plus "liées" (à d'autres pays et cultures au monde). Le Canada et les États-Unis sont deux pays très ouverts au commerce et aux individus, mais du point de vue culturel, l'Amérique anglophone est un lieu assez insulaire, où l'on consomme surtout des produits culturels américains, et où peu de gens parlent une autre langue (prime aux Canadiens pour leur connaissance non négligeable du français tout de même) en dehors des communautés d'immigration relativement récentes, essentiellement. C'est assez typique des grands peuples culturellement puissants, et dans bien des cas, les minorités au sein de ces ensembles, loin d'être plus fermées sont en fait plus ouvertes grâce à leur culture propre.

C'est d'ailleurs pour cette raison qu'on doit continuer à mettre l'accent sur le français au Québec, du point de vue de la langue publique, de travail et d'identité. Les déséquilibres et les pressions sont grandes et il faut donc ce petit plus de volonté qui permet de continuer à vivre en français en Amérique. Cette volonté est, du point de vue légale, incarnée par la Charte de la langue française, ou Loi 101 (de 1977), faisant notamment de la langue française la langue officielle du Québec et scolarisant les nouveaux arrivants dans le réseau francophone, s'assurant donc de leur donner une connaissance adéquate du français, ce qui n'arrivait que rarement, et au profit de l'anglais, avant cette époque.
Elle a permis le maintien minimum du français à Montréal. Loin de fermer des portes à ces immigrants, elle a permis à nombre d'entre eux d'être trilingues, parlant français, anglais et  la langue de leurs parents.  La Charte, grand texte fondateur du Québec moderne et l'une des premières mesures importantes prises par le Parti québécois après son arrivée au pouvoir, aura aussi paradoxalement préservé l'unité du Canada en redonnant à la francophonie québécoise une certaine sécurité.